La désertion médicale est une notion censée mettre en évidence le manque de praticiens dans une zone donnée, qu’il s’agisse de médecins généralistes, médecins spécialisés ou auxiliaires médicaux. En France, les principales baisses d’effectifs se font à l’extérieur des agglomérations, en zones rurales donc.
En France, alors que le nombre de médecins n’a cessé d’augmenter, passant selon La Tribune de 275 praticiens pour 100.000 habitants en 1985, à 340 en 2005. On constate à contrario l’apparition de zones géographiques non ou mal couvertes par la présence de médecins. Ces zones se concentrent dans le secteur rural, particulièrement dans le nord de la France, ainsi que dans les banlieues. Il s’accompagne d’une baisse d’effectifs analogue pour les professions para-médicales telles qu’infirmières ou masseurs-kinésithérapeutes.
Le 13 octobre 2017 Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, a annoncé un plan pour “renforcer l’accès territorial aux soins” et ainsi lutter contre les déserts médicaux.
En voici les principales mesures :
- Doubler le nombre de maisons de santé pluridisciplinaires
Elles sont au nombre de 910 aujourd’hui. Ces lieux de regroupement des professionnels de santé libéraux bénéficieront, au même titre que les centres de santé où exercent des médecins salariés, de 400 millions d’euros sur 5 ans, déjà annoncés dans le cadre du grand plan d’investissement.
- Accélérer le recours à la télémédecine
Jusque-là limité à un cadre expérimental, l’usage de la télémédecine pourrait prendre de l’ampleur à l’issue des négociations entre l’Assurance-maladie et les syndicats de médecins au premier trimestre 2018 qui fixeront les tarifs des consultations et des expertises à distance.
Et afin que ceux qui vivent dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) puissent bénéficier de consultations à distance qui permettraient “d’éviter des hospitalisations inutiles”, toutes ces structures devront disposer du matériel nécessaire d’ici à 2020.
- Développer des “consultations avancées”
Le gouvernement souhaite faciliter et encourager financièrement la possibilité pour un médecin, notamment hospitalier, de pouvoir exercer ponctuellement dans un “désert médical” s’il le souhaite.
“Une à deux fois par semaines, certains médecins pourraient être ‘détachés’ pour aller donner une consultation dans les endroits en désertification, sans avoir l’obligation d’y vivre“, avait expliqué Mme Buzyn dans un entretien au Parisien en juin. Le terme de “médecin détaché” ne figure cependant pas dans le plan.
- Favoriser les stages chez les médecins libéraux
Un quart (26%) des 70 257 médecins retraités inscrits au tableau de l’ordre, soit 18 267 praticiens, exercent toujours et bénéficient du cumul emploi-retraite. Un phénomène qui a permis d’amortir l’absence de nouvelles installations dans certains secteurs. Alors qu’ils pourraient être 35 000 en 2025, le gouvernement annonce un assouplissement des conditions financières permettant ce cumul dans les zones “en tension”.
- Permettre des “exercices partagés”
Afin qu’un jeune médecin puisse plus facilement exercer à la fois à l’hôpital et dans un cabinet médical dans un “désert médical”, le gouvernement annonce la création dès 2018 de 300 postes d'”assistants partagés”, permettant ce double statut, dans les zones sous-denses.
- Généraliser le contrat de médecin adjoint
Ce statut, peu connu du grand public, permet aujourd’hui à des internes de venir prêter main-forte à un médecin déjà installé dans des zones touristiques en haute saison. Le ministère de la santé souhaite généraliser la possibilité de recourir à ce statut dans les déserts médicaux.
Cependant, pensez-vous que les solutions proposées par le gouvernement vont résoudre le problème de la désertification médicale ?
Source : lemonde.fr