[FOCUS] L’importance limitée du diplôme

L’OFEM (Observatoire de la Formation, de l’Emploi et des Métiers de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris) a dévoilé une étude en mars 2015 une étude sur 1000 recruteurs franciliens. 53% pensent que les diplômes valident des formations de bon niveau. Et plus ces entreprises sont petites, moins le diplôme compte. Alors que les grandes entreprises privilégient les bac +5 (61% de leurs effectifs), les TPE embauchent en majorité des personnes de niveau bac ou moins (73,5%). Les recruteurs estiment que les évolutions de ces dix dernières années vont continuer à s’accélérer les prochaines années.


Le système scolaire ne convient pas à tous

Que l’on soit en France ou à l’étranger, le système scolaire tel qu’il existe au fil du temps ne convient pas à tous les profils d’enfants ou adolescents. Pourtant, on ne parle pas que des fameux “cancres” : des enfants parfois tout à fait intelligents et intéressants, mais qui ne parviennent pas à rentrer dans les cases de l’éducation nationale. Certains ont besoin de plus de temps pour s’y faire, d’autres d’un renseignement plus libre, certains ne peuvent supporter l’immobilité, quelques-uns souffrent de dyslexie, etc. Difficile de critiquer l’école, car il est normal qu’elle soit adaptée en priorité à la masse et non pas aux exceptions.

L’autodidacte

L’autodidacte présente des particularités. Bien souvent il est un passionné, et c’est par motivation personnelle qu’il devient un vrai pro, voire un leader. Les exemples de réussite d’autodidactes sont pléthores. Connus ou pas, c’est hommes et femmes sont foison. De Thomas Edison en allant jusqu’à Steve Jobs, les entrepreneurs et génies créatifs n’ont pas eu besoin d’user leur fond de culotte sur les bancs de l’école et de l’université pour s’être manifestés. Il est vrai qu’ils ont largement compensé ce désavantage apparent par une curiosité insatiable, de nombreuses idées et une énorme somme de travail.

On le sait, auparavant le nombre de diplômés était nettement moins élevé qu’aujourd’hui. Il n’y avait donc rien de bizarre il y a cinquante ou soixante ans à ce que certains parviennent à la direction d’une entreprise, faisant preuve de plus d’initiatives, de compétences intellectuelles que d’autres sans pour autant avoir le meilleur CV du personnel. Il se dit qu’aujourd’hui, cela n’est plus le cas et que partir sur le marché de l’emploi sans diplôme mène souvent à une véritable impasse à terme. Une sorte de plafond de verre spécifique à cette catégorie de personnes. En théorie, tout le monde applaudit à la réussite de ces hommes et femmes qui partent de rien et arrivent tout en haut.

Le rôle indispensable des autodidactes

Le problème rencontré par les autodidactes doués vient en fait souvent de la direction. Leur N+1 joue en effet souvent un rôle indispensable de mentor. Ceux qui sont rentrés en bas de l’échelle ont en effet été remarqués par leur hiérarchie qui leur a permis peu à peu de monter les échelons, en les formant, voire en les envoyant faire des études, enfin, à 30 ou 40 ans. C’est donc l’état d’esprit de la hiérarchie qui ouvre le chemin à ces personnalités. tous témoignent, ce sont leurs managers qui les ont poussés et intéressés à de nouveaux sujets.

Un fossé entre l’école et l’entreprise

Pour les recruteurs, les études supérieures ne préparent pas assez à la vie active. 40% d’entre eux estiment que les formations dans leur domaines d’activité préparent mal les étudiants. Logique : les métiers évoluent tellement vite que ce qu’ils apprennent en première année est déjà obsolète avant la fin d’un cursus en 4 ans, d’après une étude du cabinet Wagepoint. Malgré tout, l’école reste importante. 67% des recruteurs se fient à leurs expériences avec les promotions précédentes pour décider dans quelles écoles ou universités aller chercher leurs nouvelles recrues.

Vers des parcours hybrides

Tout cela ne signifie pas que le diplôme en lui-même est devenu inutile. Les formations sont vouées à être plus professionnalisante, d’après les recruteurs interrogés. déjà, l’apprentissage est de plus en plus prisé : ils sont 80% à estimer que l’alternance est devenue indispensable, et 56% à l’avoir déjà mis en place dans leur entreprise. Ils pensent qu’à l’avenir, les cursus sont être plus courts (60%), plus portés vers le savoir-faire (71%) et que les formations en cours de carrière se feront avec de l’apprentissage ou des stages de longue durée (85%).

Ce n’est pas pour rien que nos amis anglo-saxons répètent régulièrement “learning by doing*” !

* Apprendre en faisant.

Rémy BERNIARD